La France et l’Allemagne demandent un remaniement du financement de l’UE pour les projets de développement économique. Le duo a également averti que les plus grands prêteurs multilatéraux européens sont mal coordonnés et pourraient être fusionnés.
Intégration complète
Dans un article publié par le Financial Times, Berlin et Paris appellent un groupe d’experts à explorer les options pour une « délimitation plus claire des mandats » entre la Banque européenne d’investissement basée au Luxembourg et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement basée à Londres. Le document devrait également examiner la possibilité d’une « intégration complète » des deux institutions.
Les diplomates ont déclaré que le document reflétait des frustrations selon lesquelles les deux banques, qui sont toutes deux des entreprises publiques, se chevauchent. La BERD, dont les actionnaires comprennent 67 pays et des institutions internationales, a été créée à la fin de la guerre froide pour soutenir la transition des pays communistes vers des économies de marché.
De son côté, la BEI appartient entièrement aux gouvernements de l’UE et finance des projets de développement économique à l’intérieur et à l’extérieur du bloc. Certains craignent également que la puissance de feu financière des deux organismes ne soit plus ciblée sur des projets visant à s’attaquer aux causes profondes de la migration vers l’UE.
Un porte-parole du ministère français des finances a déclaré : « Nous pensons qu’il est utile de repenser l’articulation entre les rôles de la BERD et de la BEI et comment assurer le maximum d’efficacité et de cohérence entre les mandats respectifs ». « Le rôle de ces institutions évolue compte tenu de l’environnement mondial en mutation », a déclaré le porte-parole.
Le document franco-allemand, qui devrait être examiné par les ministres des Finances de l’UE mardi à Luxembourg, propose que les gouvernements envisagent des « évolutions ambitieuses » de la division du travail existante entre la BEI et la BERD.
Stratégie de développement de l’UE
Paris et Berlin souhaitent que le groupe d’experts présente un premier rapport en janvier 2019. Outre la BEI et la BERD, le groupe examinera également les programmes de soutien financier gérés par la Commission européenne. La BEI est la plus grande banque multilatérale de développement au monde, avec un capital de 240 milliards d’euros, qu’elle utilise pour financer des emprunts sur les marchés financiers. La BERD emploie environ 1 500 personnes à Londres et finance des projets d’Europe en Asie centrale.
Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel ont convenu en mai de revoir la stratégie de développement de l’UE, en mettant l’accent sur la BERD et la BEI.
La pression intervient à un moment où la BEI travaille sur des réformes de la gouvernance conçues pour répondre aux préoccupations en Allemagne et ailleurs, selon lesquelles ses processus de sélection de projets ne sont pas suffisamment rigoureux. La BERD envisage de prolonger le bail actuel dans ses locaux ou de déménager dans des bureaux alternatifs à Londres.
Les diplomates ont averti que toute tentative de déplacer la BERD hors de Londres se heurterait à des obstacles en raison des seuils de vote élevés qui seraient nécessaires parmi ses membres.
Bien que la banque ait été créée en 1991 sous l’impulsion de François Mitterrand, alors président de la France, les États-Unis sont le principal actionnaire de la banque. Ainsi, le Royaume-Uni et les États-Unis, ensemble, pourraient bloquer toute réinstallation.